Le sucre des fourrages : un élément à prendre en compte pour le rationnement des ruminants

Les végétaux contiennent plusieurs fractions de glucides, plus ou moins fermentescibles dans le rumen. Les plus rapidement dégradés sont les glucides non structuraux, qui comprennent les sucres simples, l’amidon, les acides organiques et les pectines.

IDENA - Sucres dans les fourrages

Schéma 1 : fractions glucidiques des végétaux (Hall, 2002). (NB : la lignine présente dans l’ADF et la NDF n’est pas représentée car il ne s’agit pas d’un glucide).

Dans la plante, les sucres sont fabriqués la journée grâce à la photosynthèse, constituant une réserve d’énergie pour la plante, qui la consomme la nuit au cours de la respiration enzymatique. Chez les graminées, les taux sont d’ailleurs plus élevés dans les tiges, qui jouent le rôle d’organe de stockage, que dans les feuilles. Le pic de sucres dans les fourrages est atteint 9 à 13 heures après le lever du soleil, et est au plus bas au lever du jour.

Schéma 2

Schéma 2 : fractions glucidiques des végétaux (Hall, 2002). (NB : la lignine présente dans l’ADF et la NDF n’est pas représentée car il ne s’agit pas d’un glucide).

La coupe d’un fourrage en vue de sa conservation entraîne une modification de la composition chimique de la plante, impliquant plusieurs phases : une phase enzymatique et une phase fermentaire (essentiellement pour les ensilages et les enrubannages).

Phase enzymathique

Juste après la fauche, la respiration de la plante se poursuit et continue donc à utiliser les sucres comme carburant. Ce processus est possible jusqu’à une matière sèche de 35%. Au-delà, la respiration est bloquée, d’où l’intérêt d’un séchage rapide des fourrages pour limiter les pertes.

Pendant la phase de respiration enzymatique, le dégagement de chaleur et l’épuisement de l’oxygène entrainent une désorganisation cellulaire et des réactions de protéolyse. Le taux d’azote soluble peut ainsi doubler en quelques heures. Au cours de la mort progressive des cellules, une partie de leur contenu peut s’écouler dans les jus et accroître les pertes en matière sèche.

Phase fermentaire

Lors de la mise en silo, les premières bactéries qui se développent sont aérobies. Elles présentent peu d’’intérêt pour la conservation car elles gaspillent les glucides et la matière sèche mais elles s’arrêtent dès que tout l’oxygène a été consommé. Les microorganismes anaérobies prennent alors le relai. Ils produisent de l’acide lactique à partir des sucres solubles et permettent une stabilisation du silo et un arrêt de la protéolyse dès que le pH devient inférieur à 4.

Une bonne teneur en sucres du fourrage vert est donc essentielle à la qualité de conservation de celui-ci. Ce taux peut d’ailleurs être mesuré à l’aide d’un réfractomètre afin de déterminant le moment idéal pour la fauche.

En nutrition des ruminants, l’évaluation des sucres contenus dans les fourrages est importante car il s’agit de la première source d’énergie disponible pour les microorganismes du rumen. Ils ont en effet une vitesse de dégradation dans le rumen au moins 20 fois plus élevée que celle de l’amidon. La fermentation de ces glucides conduit principalement à la formation d’acétate voire de lactate, pouvant induire dans certains cas un risque d’acidose.

Schéma 3

Schéma 3 : vitesse de digestion ruminale (% par h) (Ferran, 2007).

Une bonne teneur en sucres dans les fourrages améliore l’ingestion, l’efficacité d’utilisation de la protéine par les microorganismes du rumen, et donc de la synthèse microbienne. Mais cela implique un apport suffisant d’azote soluble pour assurer un rapport sucres solubles/azote soluble efficace. Un déséquilibre de ce ratio, lié à un excès de sucres solubles ou un déficit en azote soluble, peut être à l’origine de situations d’acidose. Par exemple une ration riche en foin et pauvre en amidon peut être acidogène, si le foin lui-même est très riche en sucre et que l’apport en protéines est insuffisant. D’où l’intérêt de connaître les valeurs alimentaires des fourrages afin d’ajuster au mieux les rations.

Les premières analyses des ensilages 2020 commencent à arriver, et les taux de sucres, comme ceux de l’an passé, se révèlent être plutôt élevés. Il faudra donc encore cette année être vigilant et bien tenir compte de ces valeurs dans le calcul des rations.

Schéma 4

Schéma 4 : teneurs en sucres par type d’ensilage, en 2019 et 2020 (source Idena).

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